Ce film-
package (pour reprendre une terminologie longtemps en vogue outre-Atlantique) commence avec
Micro-Loup, un court privilégiant la figuration par l'abstrait, avec une vue constamment de dessus et un parti-pris de n'utiliser que des formes géométriques. Le résultat est saisissant, formellement intéressant et le jeu avec les ombres demeure étonnant. Un court-métrage sans dialogues qui met en bouche et augure du meilleur pour la suite.
Ce n'est hélas pas le cas avec le
MariKa et le loup qui suit directement, également sans dialogues, avec une idée de base amusante mais mal exploitée. Beaucoup de longueurs, une animation qui reste cantonnée au domaine de l'expérimental, et une fin nunuche assez prévisible... Mais rassurez-vous, ce court constitue la seule fausse note d'un programme par ailleurs bien homogène.
La preuve avec le court suivant,
T'es où mère-grand ?!, relecture savoureuse du conte universellement connu du Petit chaperon rouge. Hilarant d'un bout à l'autre en raison principalement des dialogues décalés et des intonations de voix hilarantes, son parti-pris de n'utiliser que des formes géométriques (à l'instar de
Micro-Loup) est une fois encore couronné de succès puisque les trombines du chaperon et du loup, pour l'occasion amis dans la quête de Mère-Grand, font constamment sourire le spectateur attendri, et provoquent parfois même quelques éclats de rire. Le second degré n'est même plus en filigrane mais s'impose au premier plan, dans une nette inspiration
South Park (en moins
trash pour ne pas heurter les plus jeunes spectateurs) des plus réjouissante. L'on notera également le jeu sur le son parfois non-synchrone, ou même purement visuel (ainsi un "
Bang !" écrit envahit l'écran sans faire aucun bruit). Ajoutons à cela une fin inattendue et ce court est incontestablement celui qui séduira le plus les adultes avec ses clichés dynamités.
Tout juste remis de ce court à la veine humoristique brillamment exploitée que l'on enchaîne sur
Pour faire le portrait d'un loup, dont le titre résume précisément ce qui va être explicité. Une fois encore l'on revient à une combinaison subtile de formes géométriques, avec en outre un aspect enfantin mais pas niais, et éminemment chaleureux. Une stylisation qui n'est pas sans rappeller la ligne graphique des anciennes réclames
Twingo, un vrai régal publicitaire. Nullement fortuit, puisque le réalisateur Philippe Petit-Roulet en était déjà à l'origine !
Le plus amusant dans cette petite production -aussi bien pour les enfants que pour les adultes- constitue le détournement de maximes fort connues, prises au pied de la lettre. Ainsi, où trouver des oreilles par exemple ? Dans les murs. Car c'est bien connu, "
les murs ont des oreilles" !
Avant de passer au plat de résistance de cette compilation, signalons tout de même que ces quatre premiers courts-métrages ont en commun d'être réalisés selon la technique dite vectorielle (soit création et animation directement sur ordinateur). D'où ces formes géométriques et ces structures quasi-impossibles en animation traditionnelle. Une technique qui pourra cependant laisser perplexes les tout-petits pour qui la notion d'abstraction reste inaccessible.
L'animation traditionnelle justement, on y vient avec
Loulou, production qui truste à elle seule la moitié du programme. Outre un formidable travail sur les couleurs à signaler (même le gris du pelage des loups contient une multitude de nuances), ce moyen métrage narre une amitié singulière entre un loup et un lapin, reprenant ainsi la thématique d'un
Rox et Rouky. Pour Jean-Luc Fromental et Grégoire Solotareff, par ailleurs scénaristes de l'ensemble des courts de cette compilation,
Loulou est "
l'histoire de la raison triomphant de l'instinct. Dépasser ses pulsions archaïques, surmonter sa violence, la canaliser vers des buts plus élevés. Apprendre à vivre dans la société de l'autre. Viser l'harmonie. C'est l'expérience que fait notre jeune loup au fil d'une aventure qui évite soigneusement le prêchi-prêcha et la morosité". Cette grande histoire de tolérance et d'amitié est librement adaptée du livre éponyme de Grégoire Solotareff, s'intéressant aux émotions que peut éprouver le loup et non à la peur qu'il dégage d'ordinaire, dans le but de casser un stéréotype injuste et injustifié. Pari réussi, et cerise sur le gâteau : la chanson de Sanseverino plaira à coup sûr aux plus jeunes spectateurs.