Repoussé à de multiples reprises, nous l'aurons attendu ce Collector ! Fort heureusement le résultat est à la hauteur de nos attentes, avec de nombreux documents d'exception proposés en suppléments sur un second disque. Attardons-nous ici plus largement sur l'intérêt de ceux-ci...
COPIEUX DOCUMENTAIRE
Entrons dans le feu de l'action avec un documentaire de près de quarante minutes, intitulé
De l'Orphelin de Perdide aux Maitres du Temps, en référence à l'adaptation du livre de Stefan Wul, dont le film est tiré. Ce
making of, très classique dans sa forme, propose une succession d'interventions face caméra de participants au projet ou de critiques spécialisés : avec par ordre d'apparition le journaliste Fabrice Blin, le producteur exécutif Michel Gillet, le réalisateur René Laloux (dans ce qui restera sa dernière apparition, quelques semaines avant son décès), le producteur Jacques Dercourt, l'écrivain Laurent Genefort, le dessinateur Moebius, le producteur Aton Soumache, le superviseur de l'animation Zoltan Maros... Bref de nombreuses personnalités du milieu, qu'il était pertinent de réunir plus de 20 ans après la sortie du long métrage. Le ton est donné d'entrée : pas de langue de bois ni de fausse complaisance. Fabrice Blin insiste sur la déception critique sensible à la sortie des
Maîtres du Temps, qui a souffert d'une comparaison déplacée avec
la Planète Sauvage ; René Laloux évoque les difficultés de travail, aussi bien au niveau de la sous-traitance que de l'absence de dialogue avec Moebius ; quant à ce dernier il reconnaît les nombreuses lacunes du film, hurlant même de désespoir devant certains plans ("
J'ai eu un effet de douche écossaise"). Ce documentaire, bourré en outre d'anecdotes et d'informations précises sur le processus de création du film, demeure donc extrêmement intéressant et s'avérait indispensable, vu le culte entretenu autour du long métrage.
DES SUPPLÉMENTS PERTINENTS
Dans une passionnante
interview, Stefan Wul revient sur son parcours et l'insolite façon dont il est venu à écrire des romans de science-fiction, puis parle évidemment plus largement de sa rencontre avec Laloux et les éléments non respectés lors de l'adaptation animée de son roman
l'Orphelin de Perdide. Nous découvrons là un homme très sympathique, humble et captivant, mais ce document restera hélas sa dernière apparition, puisque Stefan Wul, alias Pierre Pairault, nous a quitté en novembre 2003...
Suit un extrait du
storyboard, proposant en multiangle une comparaison
storyboard / film de la séquence où un drôle d'animal vole le micro de Piel. Ce genre de bonus s'avère toujours être révélateur du travail réalisé en amont, en confrontation directe avec le résultat final.
Puis un diaporama animé et sonorisé nous donne à voir un échantillon des nombreux dessins de Moebius (essais couleur), soulignant à la fois le génie du dessinateur et l'idée déjà précise de l'univers des
Maîtres du Temps, dès l'étape des croquis préparatoires. Etonnant et instructif.
... ET UN COURT-MÉTRAGE EN CERISE SUR LE GÂTEAU !
Enfin, pour parfaire l'interactivité de cette édition déjà bien complète, Opening nous propose le court-métrage
Comment Wang-Fo fut sauvé (1987), fruit de la collaboration René Laloux / Philippe Caza. Présenté au format d'origine 1.33, de nombreuses tâches et problèmes de compression sont à déplorer sur le
master, mais la perfection narrative et visuelle du court compense de bien belle manière. Bénéficiant d'une animation ultra-fluide, cette production inspirée d'une nouvelle de Marguerite Yourcenar demeure infiniment sublime, enivrante, avec une voix off hypnotique. La qualité du scénario alliée à la poésie des dessins de Caza en font un bijou incontestable, à découvrir toutes affaires cessantes !
Toutefois, hormis le même réalisateur aux commandes bien évidemment, le rapport direct avec
les Maîtres du Temps est plus que flou. Mais ne nous plaignons pas car c'était sans doute là le seul moyen d'accéder à un court-métrage qui ne pouvait décemment sortir isolément sur un DVD simple.
A noter que tous les menus sont en 16/9, animés et sonorisés dans l'esprit futuriste et décalé du long métrage. Les deux galettes bénéficient d'une sérigraphie en relief (une innovation !) du plus bel effet. Elles sont renfermées dans un
digipack non moins réussi, le volet de rabat proposant la liste des chapitres, information bien pratique en tenant à disposition le boîtier près de soi, lorsque l'on regarde le film et que l'on souhaite accéder à un chapitre précis sans repasser par le menu
Chapitrage.
En définitif voici une édition très complète, à l'interactivité pensée et soignée, et au
packaging étudié et fignolé. Opening signe ici une édition Collector pas piquée des hannetons, qui comblera les
fans du long métrage et permettra aux nouveaux-venus de justifier, voire d'excuser, les quelques faiblesses du film.
Documentaire De l'Orphelin de Perdide aux Maitres du Temps (37'50)
Interview de Stefan Wul (16'45)
Extrait du storyboard (3')
Dessins de Moebius (3'15)
Court-métrage Comment Wang-Fo fut sauvé (14'50)
Film annonce (2'05)