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Raoul Servais

L’Intégrale des courts-métrages
Spécial

Critique de Gersende Bollut, le Samedi 25 Septembre 2004 à 22:05

Staff Technique
Réalisation : Raoul Servais
Décors : Norbert Desyn (Chromophobia, Sirène, To Speak or Not to Speak), Paul Van Gyseghem, Marc Ampe, Raoul Servais...
Dir. animation : Willy Verschelde (Sirène, Goldframe, To Speak or Not to Speak, Pegasus)
Musique : Luc Van Branteghem (La Fausse Note), Ralph Darbo, Lucien Goethals, Duncan Calyer & Paul Van Gyseghem, Arsène Souffrian, Bo Spaenc...
Acteurs : Fran Waller Zeper, Will Spoor et Sjoerd Schwibetus (Harpya)
Fiche de l'animé
Public : Tous
Origine : Belgique
Titre original : (idem vf)
Type : Spécial
Genre : Fantastique
Durée : 2 h 50 mn
Année de prod. : 1963-2001
Produit par : Folioscope - SFSL SARL

Fiche du DVD
Zone : 2 (Europe) 2 (Europe)
Format cinéma : 1.33 Plein écran
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Support : DVD-9 (1 face/2 couches)
Boitier : Digipack
Disponibilité : Disponible
Editeur : Folioscope
Format sonore
Français Anglais
Dolby Digital Stéréo Stéréo
Français Stéréo ; Anglais Stéréo

Sous-titre(s) : Français, Anglais, Néerlandais.
Sons Annexes : Néerlandais 2.0.
Bonus/Goodies :
  • Extraits des autres œuvres
  • Abécédaire
  • Documentaire Oude Meesters
  • Galerie de photos
  • Biographie
  • Filmographie
  • Servaisgraphie
  • Papillons de nuit, commentaire
  • Crédits
  •  Présentation
    Raoul Servais représente la référence incontournable du cinéma d'animation en Belgique. En une douzaine de films, réalisés de 1963 à 2004, Servais a apporté au genre une touche surréaliste et une réflexion sur la société qui n'appartiennent qu'à lui.

    Attention ! Ce DVD ne renferme pas réellement l'intégralité des courts-métrages du cinéaste. Quatre courts manquent en effet à l'appel : Lumières de port (1960), Déviation Novembre (62), Le chant de Halewyn (76) et le tout récent Winterdays (04), selon la volonté du réalisateur.

    5 : Parfait !
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  • La Fausse Note (1963 -10') - Un petit mendiant essaie en vain de demander l'aumône dans une grande ville où tout est ordonné en fonction du rendement et du profit. La complainte qu'égrène son orgue de barbarie s'achève toujours sur une fausse note, qui ne cesse de provoquer la colère des citadins...
  • Chromophobia (1966 -10') - Les légions grises envahissent le monde de la couleur avec l'intention d'imposer la domination totale du noir et blanc. Mais la résistance s'organise.
  • Sirène (1968 -9'30) - Des grues géantes et des reptiles ailés du Jurassique règnent en maîtres sur un étrange port de commerce. Seul un pêcheur, toléré, y sera témoin d'une étrange idylle entre un mousse et une sirène.
  • Goldframe (1969 -5') - Un grand producteur de films hollywoodiens est en toutes circonstances le meilleur, et surtout le premier. Il veut également l'être en produisant le premier film en format 270 mm ! Son esprit compétitif l'obsède au point de vouloir dépasser en vitesse sa propre ombre.
  • To Speak or Not to Speak (1970 -11') - Un quidam, interviewé afin d'exprimer son opinion sur la situation politique, donne des réponses banales et évasives. En revanche, un personnage marginal ose formuler une opinion coloriée qui fera preuve de caractère.
  • Operation X-70 (1971 -9'30) - Une puissante nation expérimente un nouveau gaz qui ne tue ni ne blesse le sujet asphixié, mais le transporte dans un état léthargique et mystique. Une erreur va toutefois se produire...
  • Pegasus (1973 -8'30) - Un vieux maréchal-ferrant privé de travail ne peut se recycler dans la société technologique. Sa frustration se traduit par une absurde sublimation du cheval.
  • Harpya (1979 -9') - Au cours d'une promenade nocturne, un homme est témoin d'une agression et découvre, à sa grande stupéfaction, qu'il vient de porter secours à une authentique harpie. Mais l'intérêt qu'il lui porte n'est pas sans danger !
  • Papillons de nuit (1998 -8') - Un papillon de nuit nous mène dans la salle d'attente d'une gare de banlieue. Nous y trouvons des personnages figés qui, durant quelques minutes reprennent vie, jusqu'au moment où arrivera le train du soir avec son unique voyageur.
  • Atraksion (2001 -10') - Des bagnards errent sans but dans un paysage de désolation. L'un d'eux tourne son regard vers une lumière aveuglante et tente d'accéder vers elle. Serait-ce la délivrance ?



  •  Image
    3.5 : Bon
    Sur les premiers courts, le master est parfois lamentable (nombreuses tâches), mais par la suite les choses s'arrangent et les productions plus récentes affichent des couleurs resplendissantes et des contrastes impressionnants. Bonne tenue générale et compression sans faille.
     Son
    4 : Très bon !
    Rien à redire : les pistes Stéréo sont impeccables, très audibles et claires. Les différentes musiques, d'une belle ampleur, et les divers bruitages, du meilleur effet, sont parfaitement retranscrits et ne heurtent en rien nos délicats tympans.
     Interactivité 4 : Très bon ! Packaging 5 : Parfait !
    Ce DVD, non content de proposer les courts-métrages d'un cinéaste majeur qui ne demande qu'à être redécouvert à l'aune de cette édition numérique, offre une variété de suppléments fort judicieux, parmi lesquels le documentaire Abécédaire constitue une pièce de choix.
    Dans ce long module, Raoul Servais revient successivement, et dans l'ordre, sur son parcours (il fut avant tout professeur des Beaux-Arts de Gand), ses origines flamandes, son rapport à la couleur (venu sur le tard), son admiration pour le studio Disney et le personnage de Félix le chat, d'où vient son inspiration, revient sur sa jeunesse globalement très heureuse, malheureusement ternie lorsque survient la Seconde Guerre Mondiale, revient sur les différences de structures entre court et long métrage, aborde le sujet de la fuite du temps (voir Taxandria), l'art du mime, évoque des souvenirs d'Ostende, parle de sa passion pour la peinture (notamment rapports avec Magritte), de ses rêves qu'il relate dans un cahier, explicite l'intérêt du story-board, le temps que nécessite le métier d'animateur, et enfin son attrait inconditionnel pour tout ce qui a trait à l'univers maritime. Ouf ! Le tout tantôt en anglais, français et néerlandais, Raoul Servais étant parfaitement trilingue.
    Très intéressant et fourmillant d'infos, mais sans doute un peu trop austère dans sa présentation, ce documentaire laisse aussi un sentiment d'inachevé en l'absence de générique de début et de fin justifiant le pourquoi du comment. Ce documentaire renseigne toutefois énormément sur la vision, l'influence et les inspirations du cinéaste belge.
    Pour le reste, bonus bien conçus mais standards, le tout avec une navigation simple et intuitive. A noter que les copies des extraits de courts proposés sont de qualité très médiocre, avec de multiples tâches et un souffle persistant. Mais tout ceci ne reste qu'un léger bémol au vu de la richesse de l'interactivité proposée dans ce DVD, qui ne peut que nous forcer à féliciter l'éditeur Folioscope !

  • Extraits des autres œuvres
    - De Zandloper (1950 -2'45)
    - Lumières du port (1960 -0'35)
    - Déviation novembre (1965 -0'55)
    - Le Chant de Halewyn (1976 -0'50)
    - Taxandria (1994 -4'15)
  • Abécédaire (30'35)
  • Documentaire Oude Meesters (42')
  • Galerie de photos
  • Biographie
  • Filmographie
  • Servaisgraphie
  • Papillons de nuit, commentaire
  • Crédits

  •  Entretien avec Raoul Servais 
    A l'occasion de cet événement numérique célébrant une carrière toute entière vouée à l'animation, le site Internet Cinergie s'entretenait avec Raoul Servais. Extraits choisis.

    Avec ce DVD, est-ce la première fois que le grand public peut découvrir une rétrospective aussi complète consacrée à l'artiste et à son œuvre ?
    Raoul Servais : "Il y avait déjà une cassette VHS, datant de six ou sept ans, mais elle ne contenait que 7 films et les plus récents n'y figuraient pas. Au Japon, on a sorti l'année dernière un DVD avec huit de mes films, mais beaucoup moins complet. Ici, on trouve, outre dix courts-métrages, des extraits de mes très anciens films, que j'appellerais mes péchés de jeunesse, et un extrait plus long de mon long métrage. Il y a des photos, un documentaire qui a été fait par la VRT, et un abécédaire avec des questions et des réponses réalisé à l'initiative de Folioscope. Que demander de plus ?

    Et pour l'occasion, vos films ont bénéficié d'une toilette luxueuse, réalisée sur ordinateur.
    - J'ai eu la chance de pouvoir bénéficier d'une nouvelle technologie de restauration numérique. Le laboratoire qui s'est occupé de la confection du DVD a acquis une nouvelle machine qui permet, non seulement d'enlever la plus grande partie des défauts physiques de la pellicule (grattes, taches, bruits, grain, drops...), mais en plus stabilise l'image. Une image a toujours tendance à sautiller, à scintiller, à clignoter, et ces défauts sont corrigés automatiquement par cette machine. C'est vraiment la grande qualité technique.

    Qu'attendez-vous de la parution de ce DVD ? Estimez-vous que cela va donner un nouvel impact à votre travail ? Le mettre à portée de personnes qui autrement n'aurait peut-être pas pu le découvrir ?
    - Je suis surtout réalisateur de courts-métrages. Comme vous le savez, ces derniers ne sont que trop rarement diffusés dans les salles de cinéma. Et comme mes films ont des durées différentes et ne sont pas formatés, ils n'entrent qu'exceptionnellement dans les créneaux des chaînes de télévision. Le marché de la vidéocassette ou du DVD est donc un support privilégié.

    Le DVD a été réalisé par l'asbl Folioscope, avec une grande implication de Philippe Moins. Comment cette collaboration s'est-elle déroulée ?
    - Folioscope et moi sommes de vieux complices qui nous fréquentons et collaborons depuis des années. Personnellement, je n'aurais pas songé à réaliser cette compilation. Ce sont eux qui me l'ont proposé. C'est aussi une initiative en partie française puisqu'il y a une maison, et surtout une personne, en Haute Savoie, qui voulait participer à cette action et qui va se charger de la diffusion en France.
    J'ai supervisé les choix des films et donné mon avis sur le contenu. J'ai demandé que tel film soit montré dans son intégralité ou que tel autre ne fasse l'objet que d'un extrait parce que j'estimais qu'il n'avait pas aussi bien vieilli ou pour d'autres raisons. Par contre, je me suis peu occupé de la restauration des films, une tâche plus technique qu'il faut laisser aux spécialistes..."

    Interview originellement parue sur Cinergie. Retrouvez l'intégralité de l'entretien à cette adresse.

     Bilan artistique   
    5 : Parfait !
    Raoul Servais s'impose comme une référence incontournable dans le cinéma d'animation belge. Avec une douzaine courts-métrages d'animation (réunis en majorité sur ce DVD) et un long métrage à son actif, Servais est un pionnier, se faisant le chantre d'une animation expérimentale combinant fantastique et surréalisme. Son œuvre rappelle souvent l'épure d'un Frédéric Back, cinéaste ayant pour autre point commun d'insister également davantage sur toute une dimension thématique forte (en l'occurrence une sensibilisation aux problèmes environnementaux chez le réalisateur canadien). Le propos de Raoul Servais tourne constamment autour de la question de l'homme, seul face à une domination, une omnipotence, d'où qu'elle vienne et qu'elle que soit la forme qu'elle revêt, aussi bien physique que cérébrale. La singularité de l'auteur repose sur sa faculté de critiquer, de manière subtile mais non moins véhémente. Un élément récurrent à la fin de chacun de ses courts, où le cinéaste prend sa revanche sur la folie des hommes, la bêtise de l'autocratie, et de l'injustice en général.

    Rapide tour d'horizon des films proposés dans cette intégrale numérique, pour étayer les concepts posés ci-dessus... Dans la Fausse Note (1963), la technique, rudimentaire mais intéressante, se met au service d'un récit touchant où un quidam, aspirant à devenir un musicien émérite, part à la recherche de la "note parfaite", isolé dans un monde où son style maladroit reste fondamentalement incompris. Raoul Servais dénonce dans ce court les jugements hâtifs d'une société où tout doit être formaté et lisse pour plaire et ratisser large, encourageant a contrario l'originalité et l'accomplissement créatif de chacun, contre vents et marées, avec détermination. Dans Chromophobia (66), le cinéaste donne à voir une métaphore à peine voilée d'un régime dictatorial, l'action prenant place dans un pays fictif où les autorités suppriment concrètement toutes les couleurs du monde, afin d'empêcher toute liberté d'expression. La seconde moitié du court donne l'occasion à Servais de régler des comptes et de donner sa vision d'une société idéaliste... Avec Sirène (68), le réalisateur approfondit cette thématique, montrant un univers froid et déshumanisé, où tout ce qui est étrange est rejeté ou incompris (en l'occurrence ce mythe des sirènes). Mais un homme, un seul, continue de croire en l'imaginaire et finit par s'envoler avec ce qui lui reste d'âme. L'image est très forte, et le propos éminemment poétique.
    Un an plus tard, avec Goldframe, Raoul Servais choisit de narrer l'histoire d'un producteur de cinéma mégalomane, qui veut toujours être "le premier", mais sombrera du même coup rapidement dans la folie. To Speak or Not to Speak (70) s'avère être un excellent visuel, où les paroles prennent littéralement forme à l'écran, à l'intérieur de phylactères, symbolisant et synthétisant l'état d'esprit de chaque protagoniste. Ce court-métrage apparaît surtout comme une réflexion sur l'impossibilité d'exprimer ses pensées (voire même de les formuler dans son esprit), autrement dit d'entrer dans un moule. Un formatage de l'être humain par une instance autoritaire. On y revient toujours.
    Operation X-70 (70) prend le postulat d'imaginer l'existence d'un gaz inoffensif (une "arme propre") qui manipule et endoctrine les esprits. Cette forme d'attaque massive insolite ne tue pas mais empêche toute liberté de choisir sa religion, en imposant en l'occurrence la chrétienté aux 'hérétiques' des pays non-occidentaux. Cette réflexion sur une folie mystique plus que jamais d'actualité est d'autant plus impressionnante lorsqu'une erreur de manipulation se produit avec ledit gaz : un pays occidental est touché, et le résultat est pour le moins inattendu : les habitants deviennent des anges...
    Dans Pegasus (73), un vieil homme solitaire est obnubilé par la figure chevaline, jusqu'à sombrer dans la folie, tourmenté qu'il est par son propre objet de fascination. Et si son attrait pour le cheval évoluera au fil du récit, sa répulsion envers une mouche restera intacte, et même toujours plus vivace... Raoul Servais change complètement de registre six ans plus tard avec l'excellent Harpya, où un homme recueille une harpie (une vraie !), la sauvant de peu d'une mort certaine. D'abord fasciné par cet animal légendaire majestueux, sa vie devient rapidement un enfer lorsqu'elle commence à tout dévorer sur son passage, jusqu'à la moindre pomme pourtant soigneusement cachée... Si l'homme finira par trouver un échappatoire, c'est l'existence d'une autre personne qui va à présent être l'objet du supplice. Une jolie fable, formellement aboutie et à la réalisation impeccable.
    Papillons de nuit (98) s'impose comme une poésie surréaliste en hommage à Paul Delvaux, plastiquement irréprochable et bénéficiant d'une bande-son entraînante. Dans ce court féerique, l'homme, en tuant le papillon en question, supprime la poésie de ce monde, et suspend ainsi le temps, figeant à jamais la légèreté qu'amenait m'insecte gracieux et inoffensif...
    Enfin, et non des moindres, Atraksion (01) narre le funeste destin d'hommes prisonniers de l'attraction terrestre (leur costume de forçat est éloquent !). Là, un homme, curieux et déterminé, s'approche du soleil -judicieusement symbolisé par une lampe de cuisine- et s'y brûle les ailes, tel Icare. On trouve ici un thème récurrent du réalisateur, avec cette envie de voler, de s'évader de considérations bassement terrestres. Surtout, sa thématique majeure autour de la soif de liberté, physique et mentale, est définitivement entérinée.
    Ce court clôt brillamment une filmographie très cohérente, en apportant une nouvelle dimension à sa réflexion, qui relève, n'ayons pas peur des mots, du domaine philosophique.

     Note du disque 4 : Très bon !  Note de l'animé 5 : Parfait !
    Avec la parution de ce DVD, c'est une grande partie de la filmographie de celui que l'on nomme le 'magicien d'Ostende', qui se met enfin à la disposition du plus grand nombre. Outre des courts-métrages d'une intelligence rare et d'une inventivité constante, cette galette renferme moult documents précieux éclairant l'œuvre et la personnalité de Raoul Servais. Les amateurs d'animation de tous horizons doivent donc, sans hésitation, posséder cette intégrale dans leur DVDthèque.

    > Pour en savoir plus sur le cinéma de Raoul Servais, une adresse incontournable : Raoul Servais.be.


    Points Forts Points Faibles
    + Toute l'œuvre (ou presque) d'un grand
    de l'animation, réunie sur une seule galette
    + Extrême qualité des productions présentées
    + Suppléments nombreux et pertinents
    + Qualité technique du DVD impeccable
    - A quand une édition de Taxandria ?

    Note Globale
    4.5 : Excellent ! Ca frise la perfection !
    Matériel utilisé pour le test :
  • Lecteur DVD Toshiba SD-210EE
  • Téléviseur Philips
  • + Lecteur DVD-Rom Power DVD XP
  • © Folioscope - SFSL SARL
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