Les Nouvelles Aventures de Spider-Man, qui par son principe (s’inspirer du film adapté de la bande dessinée pour créer une série d’animation) rappelle la série d’animation Batman produite par la Warner au début des années 90, n’atteint pas les sommets d’adaptation des deux films de Sam Raimi.
Elle s’éloigne trop du comics et n'est pourtant pas plus proche du film dont elle tire sa trame de base. Les trois personnages principaux, Peter Parker, son ami Harry Osborn et Mary Jane Watson sont directement issus du film, mais n’ont visuellement aucune ressemblance avec leurs avatars cinématographiques. Par ailleurs, entre Peter et M.J., il semble qu’il n’y ait jamais eu la discussion du cimetière présente à la fin du premier film, dans laquelle Peter explique qu’il n’a qu’une amitié à lui offrir. Par contre, le père d’Harry est bien mort comme décrit dans le long métrage, par la faute de Spider-Man. Bref, naît ainsi une confusion pour le spectateur qui ne sait plus trop sur quoi repose l’intrigue de la série, mis à part les éternels questionnements du protagoniste. Ces derniers ne fonctionnent d’ailleurs pas très bien, étant donné que Peter ne semble pas avoir trop de poids à porter son costume, hormis la méchanceté de Harry à l’égard de Spider-Man (qui n’est pas une haine comme dans les films et qui s’atténue même dans un épisode où Harry découvre des facettes cachées de son père), l’impossibilité pour Peter de sortir avec M.J., ou l’acharnement policier contre l’homme-araignée. Et pour s’éloigner encore du comics et du film, tante May disparaît ! Le comble quand on connaît la place déterminante qu’occupe la vieille et touchante femme malade dans la vie et les malaises de Peter par rapport à sa double identité. Pour couronner le tout, le Daily Bugle ne bénéficie pas d’une place très importante. Enfin, les super-vilains du comics, mis à part le lézard ou Kraven le chasseur, disparaissent pour laisser place à de simples méchants ou se voient mutilés par leur représentation, comme le Caïd ou Electro. Bref, vous l’aurez compris, cette adaptation est loin de rendre hommage scénaristiquement au tisseur de toiles mondialement connu.

Au niveau purement esthétique, la série comporte également pas mal de défauts. A commencer par la bande-son, dans laquelle une musique électronique omniprésente pêche par son manque d’originalité et ses aspects rétro et répétitif. L’animation, très fluide lors des déplacements de Spidey (principal point fort de la série), s’avère en revanche rigide lors des scènes de vie de Peter et ses amis : les plans fixes sont un bon choix visuel pour contraster avec les mouvements de caméra incessants des scènes d’action, mais les personnages semblent statiques. De plus, ces derniers, quelles que soient les scènes, paraissent ne pas pouvoir se toucher (par exemple lorsqu’ils se serrent dans les bras) et restent toujours des entités séparées qui semblent se chevaucher visuellement. De plus, les couleurs et le contraste sont inégaux selon les situations. En plein jour, et surtout lors des séquences au campus, les couleurs sont trop pâles et délavées, tandis que toutes les scènes dans l’obscurité bénéficient d’effets d’ombres et de lumière superbes, ainsi que de couleurs réussies. Par ailleurs, certains effets d’ombres sont tout simplement manqués. Le design du costume de Spider-Man, enfin, souffre du même problème que l’intrigue de la série. Il hésite entre reproduire le modèle du film ou celui présent dans certains comics récents, avec par exemple les reflets qui montrent un relief de la toile sur le costume couplés à des gros yeux pour le masque.


Tous ces éléments pris en compte, on ne peut s’empêcher pourtant d’accrocher à la série comme les méchants sur la toile du super-héros. Les mouvements du personnage sont réussis, certains épisodes franchement impressionnants (Effets secondaires), et la série comporte un deuxième niveau de lecture non négligeable sur l’importance des apparences dans la société actuelle (constante, elle ressort plus dans l’épisode où le FBI emploie une tueuse pour sauver le gouvernement, ou dans le premier épisode avec Electro). La fin de cette première saison est toutefois un peu décevante, et succombe aux facilités d’un scénario basé sur le rêve d’un protagoniste qui, de plus, s’éloigne dans ses actes de sa personnalité initiale malgré la gravité des événements. Une fin qui montre les limites de la série-même...