Dans l'Oiseau Bonheur, la fillette nommée Sadako représentée par une statue et reprenant vie lorsque Tomoko s'en approche a réellement existé. Voici les dates importantes de sa trop courte existence.

1945 - 6 août : Une bombe atomique nommée Little Boy ('petit garçon') est lancée sur Hiroshima par l'armée américaine. Sadako avait deux ans. Elle a été sauvée par sa mère.

1954 - Sadako est à l’école, en 6ème. Elle est très bonne élève, et également une athlète.

1955 - 9 janvier : Sadako est hospitalisée dans l'établissement de la Croix rouge à Hiroshima. Le médecin annonce à ses parents qu'elle souffre d'une leucémie.
- 1er avril : Sadako passe en 5ème, mais elle ne peut quitter l'hôpital. Consciente de la gravité de sa maladie et de son issue fatale, elle fait face avec beaucoup de courage. Au mois de mai, avec l'aide de ses amis, elle commence à plier environ mille grues, avec ses papiers de médicaments et des papiers d'emballage des cadeaux qui lui sont offerts, car elle a appris que, selon la légende, cela lui permettrait peut-être de réaliser son vœu le plus cher, qui est de guérir bien sûr.
- Hélas ! le 25 octobre : Sadako meurt, à l'âge de 12 ans.
- 10 novembre : Les amis de Sadako distribuent des tracts aux directeurs de collèges rassemblés à Hiroshima. Ces tracts expliquent l'histoire de Sadako et le projet de construction d'un monument dédié aux enfants victimes de la bombe atomique en espérant une paix durable dans le monde.

1956 - Janvier : Des écoles primaires, des collèges et des lycées d'Hiroshima se joignent aux amis de Sadako et créent un Comité des élèves d'Hiroshima, pour construire une statue de la paix dédiée aux enfants.
- Mars : Publication du journal Hêiwa (la Paix) de ce comité.
- Juillet : Des lettres d'encouragement arrivent des pays étrangers, comme l'Angleterre, la Hongrie etc. ... et de France également.
- 6 août : Le Comité lance le mouvement pour l'amitié des enfants dans le monde, par la correspondance.

1957 - Mars : Présentation d'une maquette du moment.
- Octobre : Rencontre avec le Premier Ministre de l'Inde, M. Nehru.

1958 - 5 mai : Inauguration du monument (le 5 mai est un jour férié au Japon -fête des enfants).

1963 - Juillet : Des grues faites par Sadako sont exposées dans le Musée Mémorial de la Paix d'Hiroshima. Depuis, des écoliers apportent des grues en papier, qu'ils déposent chaque année par centaines de milliers sur tous les monuments d'Hiroshima.

1978 - Une "marche des grues pliées" (Orizuru) est organisée par des associations qui militent contre les armes nucléaires. Les marcheurs portent des guirlandes de grues en papier.

LES GRUES JAPONAISES SONT DEVENUES LE VERITABLE SYMBOLE DE LA PAIX AU JAPON
Informations figurant sur le site officiel de l'I.H.N. (Institut Hiroshima Nagasaki), reprises de cette adresse.

A la fois d'une touchante naïveté et d'une désarmante lucidité, le récit de l'Oiseau Bonheur repose sur des faits réels, nourrissant des propos pacifistes qui confirment l'illustre maxime du cinéaste John Ford : "Quand la légende est plus belle que la réalité, on imprime la légende". En l'occurrence, celle d'une petite fillette nommée Sadako, disparue quelques années après le bombardement de Hiroshima des suites d'une leucémie. Clouée au lit, Sadako avait commencé à plier des grues en papier, la légende voulant qu'un de ses souhaits soit accordé en parvenant à en plier mille... Dès lors, une statue à son effigie a été érigée, et autour d’elle des papiers pliés y sont encore déposés régulièrement (voir encadré ci-dessus).
Simple, sans prétention (dialogues pauvres et animation quasi-minimaliste) mais avec grande poésie, ce moyen métrage animé de Seiji Arihara a le mérite d'aborder le traumatisme d'Hiroshima sans détours, donnant notamment à voir des paysages apocalyptiques post-bombardement et les conséquences directes sur les victimes japonaises. Dans le genre, le travail de Tezuka, encore davantage frontal, reste plus poignant, mais le public-cible n'est sensiblement pas le même. En effet, l'Oiseau Bonheur vise en priorité à sensibiliser les jeunes enfants à cet événement historique. Le film demeure donc avant tout une œuvre à fort caractère pédagogique, dont les ambitions artistiques semblent être reléguées au second plan au profit de l'efficacité du discours. "Un dessin animé, déclare Seiji Arihara, doit éduquer les spectateurs et j'ai envie de faire passer des messages positifs. Au Japon, on ne transmet pas assez aux enfants la réalité des événements. Ceux qui ont connu la guerre doivent témoigner et ceux qui comme moi ont la possibilité de s'exprimer ont une responsabilité vis-à-vis de la société". Dont acte.