Que les choses soient claires,
Gloups ! Je suis un poisson n'est pas le film du siècle. Ce n'est ni un chef-d'œuvre, ni un long métrage à volonté artistique ou auteuriste. Mais alors que diable vient faire la critique d'un tel film sur DVDAnime, me direz-vous ? Eh bien figurez-vous que voici, sur le banc d'essai, une galette vendue depuis déjà quelques temps à moins de 3 € sur
CDiscount, une offre défiant toute concurrence pour ce qui demeure sans nul doute un prix imbattable ! L'acquérir pour une somme aussi modique ne peut donc vous ruiner, mais cela cache-t-il un film si pathétique qu'il nécessite d'être refourgué à quelques misérables euros sur un site Internet ? Pas si sûr. En effet, sans être le film du siècle comme je vous mettais en garde en préambule, cette coproduction danoise, teutonne et française a tout de même des arguments à faire valoir. Entrons dans le détail.
Lorsque je découvre une production animée, je cherche avant tout à tirer le meilleur de ce que je vois et de ce que je ressens. Ça ne signifie pas que j'irai jusqu'à porter aux nues un nanar infâme, sinon insipide (et je reconnais que dans l'animation comme dans le cinéma
live il y a de l'excellent, du défendable et de l'inexcusable médiocrité), mais en toutes choses j'essaie d'en retirer le meilleur côté pour le mettre en avant. Ces longs préliminaires ne doivent pas vous effrayer, vous n'avez pas affaire là à un navet innommable, néanmoins je tenais à ces explications pour vous assurer de mon intégrité (je mets de côté tout
a priori lors du lancement d'un film). Immédiatement, l'on note qu'il n'y a rien à reprocher au niveau de l'animation de ce
Gloups ! Je suis un poisson. Cependant rapidement l'on est agacé par un nombre assez impressionnant de chansons, peu inspirées hormis une ou deux (
Avec un peu de magie est entraînante, avouons-le). Plus étonnant dans ce genre de long métrage visiblement grand public, la présence de nombreux raccords mouvement, technique plus élaborée qu'un simple
cut, opérant une transition directe entre deux actions voisines (exemple : un garçon commence à lever le bras, coupure directe sur le bras d'une autre personne qui a également le bras levé). De fait la mise en scène évite le plan-plan inhérent à ce genre de production généralement peu recherchée formellement.
Plus surprenant encore, il y a du Don Bluth dans les méchants (avouez qu'il y a pire comme référence !) : dans leur graphisme, dans leur méchanceté gratuite et dans leur humour involontaire. Le graphisme des humains rappelle quant à lui furieusement un certain
Géant de Fer... Dans un même ordre d'idées,
l'histoire apparaît similaire à celle de
Chérie, j'ai rétréci les gosses (des enfants livrés dans un monde gigantesque qui les dépasse, et même culpabilité des parents impuissants). En poussant encore plus loin le jeu des comparaisons, le plan ingénieux à la toute fin du film est même proche de
Nemo... mais cette fois avant l'heure. Pourquoi faire étalage ici de toutes ces références ? Car c'est là que réside le problème majeur de ce long métrage : il s'approprie la majorité des codes propres au cinéma d'animation US, avec ses qualités (mise en scène fluide, rythme effréné) mais aussi ses défauts (platrée de bons sentiments, séquences chantées récurrentes), ce qui, vous l'avouerez, est plutôt malvenu pour une coproduction revendiquée européenne.
J'aimerai enfin porter votre attention sur le fait que cette production 'sans prétention' se voudrait en réalité plus ambitieuse qu'il n'y paraît. A en croire en effet Michael Hegner, l'un des deux réalisateurs, "
l'idée du film s'est développée sur une période de huit à neuf ans (...)
. Au début ce ne devait être qu'un film à petit budget destiné au jeune public. Les ambitions (et le budget) grandissant, il est devenu logique qu'il y ait deux metteurs en scène". Bah tiens...
En soi,
Gloups ! Je suis un poisson est certes un bon divertissement, idéal pour les jeunes enfants et pas foncièrement inintéressant pour les plus grands, mais l'aspect trop formaté de l'ensemble, pour le moins suspect et rebutant, ne devrait pas manquer de vous interloquer.
Quid de la spécificité proprement européenne dans le domaine de l'animation ? Ça me reste en travers de la gorge. Gloups.