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Alice

Film

Critique de Gersende Bollut, le Jeudi 19 Février 2004 à 00:02

Staff Technique
Oeuvre orig. : Lewis Carroll
Prod. exécutif : Keith Griffiths, Michael Havas et Paul Madden
Producteur : Peter-Christian Fueter
Réalisation : Jan Švankmajer
Scénario : Jan Švankmajer
Décors : Jirí Bláha et Eva Svankmajerová
Dir. animation : Bedrich Glaser
Dir. photographie : Svatopluk Malý
Musique : Robert Jansa et Ivo Spalj
Acteurs : Actrice - Kristina Kohoutova, bouche et voix originale - Camilla Balanca
Fiche de l'animé
Public : 15+
Origine : République tchèque
Titre original : Neco z Alenky
Type : Film
Genre : Fantastique
Durée : 1 h 24 mn
Année de prod. : 1988
Produit par : Channel Four Films, Condor Films, Hessischer Rundfunk et SRG

Fiche du DVD
Zone : 1 (US) 1 (US)
Format cinéma : 1.33 Plein écran
Format vidéo : 4/3
Support : DVD-5 (1 face/1 couche)
Boitier : Digipack
Disponibilité : Disponible (11/04/2000)
Editeur : First Run Features
Format sonore
Anglais
Dolby Digital Mono
Anglais Mono

Sous-titre(s) : Aucun
Bonus/Goodies :
  • Court-métrage Darkness Light Darkness

  • 4.5 : Excellent !
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    Alice vit dans son imagination, ce qui l'entraîne loin de sa chambre… Son lapin n'est-il pas un agité ? Alice se lance à sa poursuite, c’est alors qu’elle est emportée par un "tourbillon" et se retrouve face aux interdits. Puis successivement elle va découvrir : la mer de larmes, la maison du lapin blanc, un ver à soie, le chapelier, le lièvre de Mars, le terrain de croquet de la reine et la salle de procès où elle sera jugée...
    L'histoire fort connue d'une jeune fille dans un pays où les rêves se teintent parfois de cauchemars. Diablement efficace.



     Image
    3 : Sympathique
    Le master n'est pas de tout premier ordre mais le transfert est correct et la compression admirable. On note cependant divers points blancs ça et là, discrets mais incessants. Pas de quoi pavoiser, mais pas de quoi crier au scandale.
    La tonalité sombre de l'ensemble respecte quant à elle volontairement l'ambiance glauque et froide du long métrage.
     Son
    2.5 : Moyen
    Une simple piste anglaise mono, c'est léger en effet. Mais le film ne comportant aucune séquence spectaculaire ou bourrée d'action, une remasterisation 5.1 eut été superflue.
    Pas de sous-titres disponibles dans quelle que langue que ce soit, mais l'économie de dialogues du film pallie ce défaut. Quelques très légères notions d'anglais suffiront donc pour saisir les rares et courtes interventions de la narratrice.
     Interactivité 3.5 : Bon Packaging 3 : Sympathique
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    Les menus du DVD, en anglais Zone 1 US oblige, sont dépouillés et tout à fait fonctionnels. Un lien permet de lancer le film, un second d'accéder à ses chapitres, un troisième lien de visionner le court-métrage en supplément et un dernier d'en apprendre davantage sur l'éditeur First Run Features (son histoire, sa politique, les adresses où le joindre...). Tout cela a au moins le mérite d'être clair et accessible sans circonvolutions superflues. Pas de fond sonore toutefois, aspect regrettable.
    Signalons donc que cette galette renferme en supplément le court-métrage Darkness Light Darkness, un classique de Jan Švankmajer que les téléspectateurs d'Arte avaient pu visionner lors de diverses rediffusions. Inutile de dévoiler l'idée de base de ce court surprenant faute de quoi nous émousserions son intérêt, toutefois il est plastiquement irréprochable et la technique de la patamod est parfaitement maîtrisée. Le cinéaste ne nous épargne aucun détail du corps humain (sans tomber dans l'aspect clinique ou chirurgicale de la chose), et le dernier plan donne à réfléchir tout en décrochant un large sourire sur le visage du spectateur conquis... Une réussite à tous points de vue, dont la concision n'a d'égale que l'efficacité.

  • Court-métrage Darkness Light Darkness (Tma / Svetlo / Tma -1989) -7'30

  •  Pas une minute à perdre 
    C'est bien connu, et le lapin blanc d'Alice vous le dira, le temps c'est de l'argent (ce genre de lieu commun le rongeur en question en a plein sa besace). Aussi l'industrie cinématographique n'a guère attendu longtemps pour exploiter sur grand écran l'univers de Lewis Carroll. L'on dénombre en effet pas moins d'une douzaine de longs métrages reprenant l'éternelle course d'Alice vers un lapin blanc pressé : la première adaptation live date de 1903, Mabel Clark interprétant la jeune fille dans un film de Cecil Hepworth. Après diverses réinterprétations plus ou moins heureuses sous la houlette des cinéastes Faust, Marsh ou McLeod (avec un casting impressionnant : Gary Cooper, W.C. Fields ou encore Cary Grant !), il faut attendre 1951 et le légendaire film disneyen de Clyde Geronimi, Hamilton Luske et Wilfred Jackson pour que la jeune Alice fasse une incursion dans l'animation, domaine fort bien adapté pour transposer les plus folles élucubrations du roman original ! En 89 Jan Švankmajer réalisait à son tour un film d'animation basé sur cet univers fantasque, cette fois à l'aide de marionnettes avec la technique stop motion. C'est à l'heure actuelle le dernier film destiné spécifiquement pour le cinéma, les deux versions plus récentes étant de simples téléfilms.

     Bilan artistique   
    4.5 : Excellent !
    Tout le monde connaît l'Alice au pays des merveilles de Disney, et sans renier qu'il s'agit là l'un des plus émouvants films d'animation qu'il ait été donné de voir, force est de reconnaître que l'univers originellement créé dans l'ouvrage de Lewis Carroll était sensiblement édulcoré, si ce n'est dénaturé en partie. Jan Švankmajer, maître incontesté du cinéma d'animation tchèque, livrait donc à l'occasion de son tout premier long métrage, et quelques 35 ans après la vision hollywoodienne, sa propre interprétation du conte. Une interprétation fascinante, tout à la fois sombre, torturée, féroce et souvent glauque.
    Le scénario reprend tout d'abord trait pour trait le déroulement de l'Alice disneyen, qu'il quitte régulièrement après le départ de la jeune fille de la maison du lapin blanc, pour verser dans le franchement surréaliste (le cinéaste se revendique d'ailleurs comme un membre du groupe surréaliste pragois) : un morceau de viande se balade tout seul, des chaussettes se faufilent tels des vers de terre... Et comme dans le récit de Lewis Carroll, le film bascule rapidement dans le songe éveillé, et mené de manière somnambulique jusqu'à un dénouement logique (rassemblement de tous les morceaux du puzzle éparpillé), il dérange mais fascine, met mal à l'aise mais envoûte. Tout est glauque, presque poisseux, et en un joyeux foutoir se côtoient cafards et ennemis cadavériques, ceux-ci étant constitués d'éléments d'animaux empaillés, d'arêtes de poissons, de crânes et de squelettes. Jan Švankmajer distille également une dose régulière de masochisme, avec multiples coups, blessures et saignements sans gravité mais que l'on devine éprouvants pour la jeune Alice. A ce sujet, le personnage de la jeune fille, interprété par la charmante mais troublante Kristina Kohoutova (choisie dans une école et donc non-professionnelle, les enfants castés ne convenant guère), reste le plus souvent spectateur passif d'événements qui lui échappent complètement. Il s'attire des ennuis -entérinant par là-même la maxime qui veut que la 'curiosité soit un vilain défaut'-, et souvent les moins enviables...
    Mais comme si tout cela ne suffisait pas, l'ambiance glauque est renforcée techniquement, d'une part avec une lumière sombre et des nuances de couleurs subtilement sélectionnées, et d'autre part avec une bande sonore travaillée jusque dans les moindres détails : le bruit si particulier d'un morceau de bois que l'on écorche, des bouts métalliques frottés de manière grinçante, et d'autres éléments sonores du même type contribuant à entretenir une atmosphère dérangeante... et façonnant un univers singulièrement différent de la réalité que nous cotoyons. La structure interne-même du scénario, très élaborée, demeure admirable : ce qui en apparence pourrait sembler être un problème de rythme relève davantage d'un travail sur la dilatation du temps et des événements, à l'image de la séquence avec le Chapelier Fou, aux situations récurrentes et parfois horripilantes, mais débouchant sur un tout cohérent dans son incohérence, et abouti dans son désordre le plus complet.
    Benéficiant enfin d'une animation remarquable et adoptant le parti-pris audacieux de faire fonctionner un récit sans queue ni tête avec une économie de dialogues (et les seuls prononcés sont volontairement répétitifs, participant ainsi à l'entêtement et au vertige de la diégèse filmique), cette version du conte d'Alice reste finalement la seule vraie transcription, du moins la plus parfaite formellement, jamais portée à l'écran d'un classique de la littérature. Croisement improbable entre un Ladislav Starewitch et un Tim Burton, avec une touche en plus qui n'appartient qu'à lui, Jan Švankmajer appartient définitivement au Panthéon de l'animation mondiale.

    Film récompensé du Prix du meilleur long métrage au Festival d'animation d'Annecy en 1989.

     Note du disque 3.5 : Bon  Note de l'animé 4.5 : Excellent !
    Insensé, tordu, étrange... tous ces qualificatifs conviennent au sujet de la réappropriation d'Alice par l'illustre cinéaste Jan Švankmajer. Une version en fin de compte très proche de l'œuvre d'origine de l'écrivain Lewis Carroll... et une expérience filmique qui nous entraîne nous-même à l'intérieur de ce monde où l'absurde défie la logique, comme un enfermement dont le dénouement (pas tout à fait rassurant) serait le seul échappatoire. Impossible dès lors d'arrêter la lecture de ce film qui laisse bien des traces après visionnage. Impressionnant.

    > Pour en savoir davantage sur la carrière de ce réalisateur, n'hésitez pas à consulter cet excellent site.


    Points Forts Points Faibles
    + Une œuvre dérangeante et envoûtante
    + Une preuve éclatante du talent
    de Jan Švankmajer
    + Excellent court-métrage en supplément
    - Qualité technique du DVD un peu faible

    Note Globale
    4 : Très bon ! On en redemande !
    Matériel utilisé pour le test :
  • Lecteur DVD Toshiba SD-210EE
  • Téléviseur Philips
  • + Lecteur DVD-Rom Power DVD XP
  • © Channel Four Films, Condor Films, Hessischer Rundfunk et SRG
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