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Alexeïeff

le Cinéma épinglé
Spécial

Critique de Gersende Bollut, le Vendredi 18 Mars 2005 à 09:14

Staff Technique
Oeuvre orig. : Nicolas Gogol (le Nez)
Producteur : Alexandre Alexeïeff et Claire Parker
Réalisation : Alexandre Alexeïeff et Claire Parker / Georges Violet pour les Essais
Musique : Modest Moussorgski / Francis Poulenc, Franz Shubert, Johann Strauss, C. Roland-Manuel, Enrique Soto, Frédéric Chopin (publicités)...
Fiche de l'animé
Public : Tous
Origine : Russie
Titre original : (idem vf)
Type : Spécial
Genre : Inclassable
Durée : 2 h 17 mn
Année de prod. :
Produit par : Alexandre Alexeïeff et Claire Parker

Fiche du DVD
Zone : 2 (Europe) 2 (Europe)
Format cinéma : 1.33 Plein écran
Format vidéo : 4/3
Support : DVD-9 (1 face/2 couches)
Boitier :
Disponibilité : Disponible (18/03/2005)
Editeur : Cinédoc
Format sonore
Français Anglais
Dolby Digital Stéréo Stéréo
Français Stéréo ; Anglais Stéréo

Sous-titre(s) : Aucun
Bonus/Goodies :
  • A propos de Jivago
  • L'écran d'épingles - Norman McLaren
  • Alexeïeff et Parker réalisant Trois Thèmes
  • Le Paysagiste - Jacques Drouin
  • Galerie (gravures, portraits et outils)
  •  Présentation
    Ce disque contient 30 films, dont 27 réalisés par Alexandre Alexeïeff, soit la quasi-intégralité des œuvres de cinéma de cet artiste et inventeur qui porta dans les années 1930 le cinéma d'animation au plus haut degré d'exigence artistique. Sur l'écran d'épingles, machine à images imaginée et mise au point avec sa femme Claire Parker, ils réalisent cinq films dont le mythique Nuit sur le Mont-Chauve achevé en 33, et le Nez réalisé en 63 d'après la nouvelle de Gogol. On trouvera également une vingtaine de films publicitaires d'objets animés réalisés entre les années 20 et 60 pour les plus grandes marques, ainsi que des essais inédits d'animation totalisée en pose longue...

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    . Films sur Ecran d'épingles
    - Nuit sur le Mont-Chauve (1933 -8'30)
    - En Passant (1944 -4')
    - Le Nez (1963 -11')
    - Tableaux d'une Exposition (1972 -10')
    - Trois Thèmes (1980 -8')

    . Films publicitaires
    - La Belle au Bois dormant (1935 -6')
    - Opta Empfängt (1936 -2')
    - Sools / Parades des chapeaux (1936 -1')
    - Étoiles nouvelles (1937 -2')
    - Fumées (1952 -1')
    - Ultratermo / Nocturne (1954 -1')
    - Pure Beauté (1954 -0'50)
    - Rimes (1954 -1')
    - Masques (1955 -2')
    - La sève de la terre (1955 -2')
    - Bain d'X (1956 -1')
    - Osram (1956 -1')
    - Quatre temps (1956 -0'50)
    - Nescafé 100 % (1957 -1')
    - Cocinor (1957 -0'50)
    - Constance (1957 -1')
    - Anonyme (1958 -1')
    - Automation (1960 -2')
    - Divertissement (1961 -1')
    - L'Eau (1964 -1')

    . Essais et études
    - Essais pendulaires (1951 -1'30)
    - Études de solides illusoires (1951 -10')



     Image
    3 : Sympathique
    L'on constate de légers problèmes de décrochage, poussières et autres scratches, mais vu la rareté et l'ancienneté de ces productions, ainsi que le travail titanesque fourni par l'éditeur pour les rassembler en un seul disque, le résultat force l'admiration !
     Son
    3.5 : Bon
    Deux pistes Stéréo sont proposées, une anglaise et une française, équivalentes en qualité. Peu ou pas d'effets particuliers mais les diverses musiques sont agréablement rendues et les rares dialogues parfaitement clairs. De bonne facture.
     Interactivité 5 : Parfait ! Packaging 3.5 : Bon
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    Premier constat : les menus sont on ne peut plus sobres, avec de simples fonds fixes sans accompagnement sonore (juste un arrière-plan animé sur le menu principal). Ce qui pourrait être un défaut sur n'importe quelle autre galette se révèle être ici un atout : efficacité avant tout, seul le programme compte et tout est donc facilité pour aller à l'essentiel.
    Attardons-nous à présent sur les suppléments, fort nombreux et d'une richesse à peine croyable, avec pour commencer quatre modules tout à fait exceptionnels. A propos de Jivago, tout d'abord, propose une série d'illustrations pour le roman original du Docteur Jivago, réalisées sur le fameux écran d'épingles mis au point par Alexeïeff. L'on y voit le maître en plein ouvrage, corrigeant minutieusement chacune de ses toiles, le passage d'un arbre vu de jour au même arbre vu de nuit étant juste très impressionnant au niveau de la technique et du soin apporté au détail. Le second documentaire, l'Ecran d'épingles - Norman McLaren, est tout bonnement extraordinaire : extrêmement didactique, Alexeïeff (doublé en VF) revient point par point sur la méthode d'utilisation de l'écran d'épingles, nous faisant réaliser son infinie complexité et fragilité -en plus d'être facilement sali ! Entouré d'apprentis-animateurs, le cinéaste expose également en détail toutes ses astuces et manières de procéder, ce qui s'avère être une mine d'informations à côté de laquelle tout amateur d'animation ne saurait décemment passer. L'on fermera toutefois les yeux, du moins les oreilles, sur le doublage involontairement désopilant de Claire Parker : écoutez l'entendre dire caoutchouc et vous comprendrez...


    Alexeïeff et Parker réalisant Trois Thèmes est un bref module redondant au niveau de la voix off qui ne fait que synthétiser tout ce que l'on a vu dans le documentaire précédent, mais demeure pertinent en cela qu'il donne à voir le cinéaste et son épouse en plein travail, visiblement concentrés et détendus, complices tout en gardant des rapports professionnels. Enfin le Paysagiste n'est rien de moins qu'un court-métrage réalisé par Jacques Drouin en 76, sur l'écran d'épingles d'Alexeïeff. Inutile d'épiloguer : cette production est d'une beauté graphique hallucinante, et scotche le spectateur de bout en bout.
    Et cette édition se termine sur une petite galerie d'images, répartie en trois thèmes (gravures, portraits et outils), permettant d'apprécier plus tranquillement telle ou telle photo de l'œuvre du réalisateur.

    Disons-le donc tout net, de tous les suppléments venant en complément de programme de productions animées, ceux-ci tiennent le haut du pavé et figurent parmi les tous meilleurs qui nous aient été donnés d'apprécier. Leur richesse, leur pertinence, leur intérêt global demeurent incontestables, et vous auriez bien tort de passer à côté. L'éditeur Cinédoc ne faisant pas les choses à moitié, signalons par ailleurs la présence d'un livret d'une vingtaine de pages dans le digipack renfermant la galette, lequel renferme une succincte présentation de l'auteur, diverses réflexions et le détail complet des courts et publicités proposés sur le disque. Agréablement illustré, ce petit guide reste à consulter à portée de main en cours de visionnage, pour éclaircir tel ou tel aspect du travail d'Alexeïeff.

  • A propos de Jivago (7'20)
  • L'écran d'épingles - Norman McLaren (38'40)
  • Alexeïeff et Parker réalisant Trois Thèmes (1'10)
  • Le Paysagiste - Jacques Drouin (7'30)
  • Galerie
    - Gravures
    - Portraits
    - Outils

  •  Bilan artistique   
    5 : Parfait !
    Le brillant cinéaste et théoricien Jean Epstein (artisan de l'avant-garde française et précurseur de plusieurs mouvements, qui signa notamment Cœur fidèle en 1923 ou la Chute de la maison Usher en 28) voyait dans l'objet-caméra un dispositif permettant d'offrir une vision tout à fait particulière du Monde, organisant une relation entre un objet et un regard, créant ainsi un rapport intime puisque l'émotion passe par le regard. De fait Epstein affirmait que l'on ne devait pas forcément chercher à trouver une explication dans tout ce que l'on voit, la caméra n'étant pas seulement là pour créer des objets et leur donner sens : "Il faut idéaliser, sélectionner, extirper, choisir et donc transformer". C'est précisément l'optique adoptée par Alexeïeff, génie incontesté du cinéma d'animation mondial qui, par le biais d'une édition DVD tombant à point nommé, peut enfin être (re)découvert de toute une frange de spectateurs trop peu au fait de l'œuvre d'un génie du 7ème art.

    Youri Norstein disait d'Alexeïeff qu'il "incarne l'une des plus grandes figures du cinéma d’animation mondial. Il est en effet le premier à avoir placé le dessin animé dans le contexte de la culture mondiale, à avoir compris l'essence musicale de l'art de l'animation. Les films qu'il a réalisés ne sont ni des caricatures, ni des bandes dessinées, mais des œuvres dont l'action dramatique constitue l'essence même de l’art figuratif." Bénéficiant d'une fluidité d'animation impressionnante, d'idées de mise en scène proprement géniales et d'un énorme travail sur la musique, les œuvres d'Alexeïeff, hypnotiques (attention d'ailleurs aux épileptiques sur Trois Thèmes) ne sont pas nécessairement accessibles au commun des spectateurs, par leur aspect expérimental voire abscons, mais il s'agit avant tout de se laisser porter par les images, de laisser vagabonder son imaginaire au gré des séquences, et d'expérimenter ainsi une approche novatrice et renouvelée de l'animation. Epaulé par sa compagne Claire Parker, Alexeïeff s'est toute sa vie essayé à tant de techniques différentes, et avec tant de génie instinctif, que son œuvre rejoint foncièrement une certaine idée de la perfection.

     Note du disque 4 : Très bon !  Note de l'animé 5 : Parfait !
    Pour un premier essai, l'éditeur Cinédoc signe un coup de maître ! Ce DVD met enfin à disposition du plus grand nombre la carrière d'un cinéaste majeur du cinéma d'animation, aux côtés d'un Youri Norstein ou d'un Frédéric Back. Accompagnées de suppléments d'une exceptionnelle qualité, les productions d'Alexeïeff sont présentées dans des copies parfois limite en regard de ce que le standard numérique peut proposer, mais leur intérêt cinématographique va bien au-delà de pures considérations d'ordre technique. Une pièce majeure dans toute DVDthèque qui se respecte, qu'on se le dise !


    Points Forts Points Faibles
    + Une œuvre géniale !
    + Un cinéaste majeur
    + Les documentaires
    en suppléments
    ... un DVD obligatoire
    - Qualité de certains masters

    Note Globale
    4.5 : Excellent ! Ca frise la perfection !
    Matériel utilisé pour le test :
  • Lecteur DVD Toshiba SD-210EE
  • Téléviseur Philips
  • + Lecteur DVD-Rom Power DVD XP
  • © Alexandre Alexeïeff et Claire Parker
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