La version originale est excellente, le jeu des acteurs est très bon, les voix et les intonations correspondent parfaitement aux personnages, les voix de Shinji, Rei et Gendô sont les plus réussies.

La version française est moyenne, la plupart des comédiens mettent trop peu de sentiments dans leur interprétation. Les timbres de voix des comédiens ne correspondent pas vraiment au caractère des personnages qu'ils jouent. La voix de Shinji est particulièrement terne. Malgré ses défauts, cette version française a ses adeptes.

Les sous-titres ont légèrement évolué depuis la précédente édition. La traduction souffre de quelques approximations et erreurs, mais elle reste correcte, je n'ai pas remarqué d'erreurs typographiques.

Comme je l’écrivais en introduction, Neon Genesis Evangelion est une série controversée (peut-être la série la plus controversée de l’animation japonaise). Certains (dont votre serviteur) ont trouvé la série géniale, d’autres ont parlé de série sans intérêt voire de fumisterie.

Evangelion développe une intrigue complexe où différentes histoires s’enchevêtrent, toutes ses histoires ont des points communs et des ramifications. La série débute comme une série classique de science-fiction et de mecha, mais les choses évoluent rapidement. On a alors droit à un florilège d’événements qui nous dépassent souvent, en plus des éléments habituels de la science-fiction, Anno a ajouté une bonne dose d’espionnage, de trahisons, de sentiments, de psychanalyse et surtout une trame narrative mystérieuse qui exploite principalement le mysticisme religieux. Même si la série critique le phénomène, Evangelion est destiné en premier lieu aux otakus, on retrouve donc par moment un humour ciblé et une bonne dose de fan service. La narration est syncopée et particulièrement audacieuse, Anno s’amuse à nous amener sur de fausses pistes et à nous donner les informations au compte-gouttes, certaines d’entre elles ne sont que suggérées ou carrément absentes, les scènes supplémentaires des épisodes Director’s cut sont plus explicites et apportent un éclairage nouveau sur certains événements. Cette narration provoque un peu de frustration mais surtout un suspense énorme qui nous tient en haleine jusqu’à la fin de la série. La fin de la série a engendré une quantité incommensurable de questions; sans rien dévoiler de son contenu, on peut dire qu’elle est surprenante aussi bien sur la forme que sur le fond, j’ai été surpris la première fois que je l’ai vu, mais avec le recul, je dois avouer qu’Anno a tapé dans le mille avec cette fin aussi géniale que déconcertante. Il est clair que cette fin ne plaira pas à tout le monde, à l’époque, beaucoup de fans ont d’ailleurs crié au scandale. Une fin alternative (également controversée) a été développée dans le film The End of Evangelion, malheureusement ce coffret ne contient pas les films qui sont toujours licenciés par Manga Vidéo.

Les personnages sont excellents, ils sont attachants et bénéficient de beaucoup de charisme. La série s’intéresse de près à la psychologie de ces personnages, le tissu relationnel qui se crée entre eux est traité en profondeur. Chaque personnage évolue au fil des événements, une évolution souvent grave, voire tragique tant les personnages sont torturés par leur passé et subissent des épreuves difficilement supportables. J’ai beaucoup apprécié le personnage de Shinji qui est remarquable, c’est le prototype de l’antihéros : il doute tout le temps et ne sait pas comment agir. A l’époque, ce concept d’antihéros était relativement nouveau, les séries japonaises que l’on avait pu voir auparavant proposaient souvent un héros sûr de lui, qui écrasait tout sur son passage et triomphait à chaque fois, Shinji est l’antithèse de ce type de personnage, mais cela le rend plus humain et donc plus réaliste. J’apprécie également les autres protagonistes de la série, notamment les personnages de Gendô et Rei qui sont énigmatiques à souhait.

Evangelion brille aussi grâce à sa réalisation superbe et originale, les décors postapocalyptiques sont magnifiques et le mecha design est très réussi. Le character design est très bon, mais il n’est pas toujours très homogène. La plus grande réussite vient du montage, l’enchaînement des plans n’est jamais innocent et sert à merveille l’intrigue complexe de la série, Anno utilise une grande variété de techniques cinématographiques pour mettre le scénario en image, il passe de longs plans-séquences à des enchaînements rapides d’images avec une grande habileté. L’habillage sonore est excellent, les bruitages et la musique soulignent parfaitement l’action et sont en adéquation avec ce que l’on voit à l’écran, l’opening et l’ending sont agréables à l’écoute.